Livre

Avant-propos par Marianne Baugnée, Historienne d’Art
Dès son enfance, le jeune Pol Fraiture se savait voué à la peinture, une peinture qui trouverait son inspiration dans les champs, les lacs, les berges d’un ruisseau, les chemins de campagne ainsi que les forêts.  Comme il arpentait souvent les Ardennes en compagnie de son père, exploitant forestier, on voit déjà dans ses œuvres de jeunesse des sapins tracés à grands coups de brosse ou de couteau à palette qui se dressent, violents, sur un ciel menaçant balayé de nuages obliques. Peut-être est-ce à cette époque qu’on ressent le plus l’admiration que le jeune homme vouait à Van Gogh, ou encore, lorsqu’il enchevêtre d’épaisses touches de peinture posées au couteau (Le petit Banc), sorte de prélude à ce qui deviendra son style propre.

Dès 1966, il fréquente l’atelier de dessin et de graphisme de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, où il obtient une grande distinction, puis les Beaux-Arts à Paris, où il étudie l’Histoire de l’art.

Avant de trouver le langage pictural si particulier de sa maturité, il réalise des toiles déjà toutes imprégnées de cette nature avec laquelle il semblait fusionner (Après l’Averse).  D’autres, d’une construction très solide, sobre, dégagent une étrange force, comme celle où il brosse au sommet d’une colline la masse ocre d’une maison solitaire ( Survie ) qui n’est pas sans évoquer
Cézanne.

Envoûtante rencontre que celle de son œuvre de maturité, pleine de poésie, où domine souvent le bleu, couleur de l’infini du ciel, couleur la plus froide, mais qu’il tempère avec celle des feuilles, des arbres ou des buissons.

Subtiles ambiances colorées, évoquant, de loin, des nuages de couleurs.  Mais quand, curieux, le regard s’accroche, et s’approche, séduit par un chromatisme qui de prime abord semble abstrait, on découvre un savoureux mélange de petites touches en écailles aux tonalités dégradées, posées à la spatule. Puis, de fines stries de couleur creusées dans l’épaisseur de la matière, comme s’il dessinait dans la couleur.